Thursday, September 11, 2008

Automne

"Le vent tourbillonnant qui rabat les volets
Là-bas tord la foret comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
Pareil au bruit des mers rouleuses de galets.

L'Automne qui descend les collines voilées
Fait sous ses pas profonds tressaillir notre coeur.
Et voilà que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu; le pêne grince à la grille rouillée.
La tonnelle grelotte, et la terre est mouillée
Et le linge blanc, claque, éperdu, dans l'enclos.

Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu quand la mort vient.
Seul, le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.

Suscitant des pensers d'immortelles et de buis,
La cloche sonne, grave, au coeur de la paroisse.
Et la lumière, avec un long frisson d'angoisse,
Ecoute au fond du ciel venir les longues nuits."

Albert Samain

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